Le paillage | Pourquoi et comment l’utiliser au potager

Principe

L’utilisation d’un paillis ou paillage consiste à recouvrir le sol d’une couche de matières organiques : paille, feuilles d’arbres, tonte de pelouse, déchets verts etc.

Il vise à à reproduire un sol naturel qui n’est jamais laissé à nu et toujours recouvert de matières en décomposition ou de plantes, qui vont le nourrir et le protéger.

Un terme plus correct serait “mulch” car un paillis est à la base réalisé uniquement avec de … la paille.

Comment Pailler ?

  • Il faut essayer de garder une épaisse couche de matière organique toute l’année. Au moins une dizaine de centimètres d’épaisseur.
  • Avant de pailler il faut désherber et préparer la planche comme une culture classique. Par la suite si vous gardez un paillage en permanence vous n’aurez plus qu’à éventuellement aérer la terre avec une grelinette ou une fourche bêche.
  • Mélangez différents types de matières organiques. Celles riches en azote (tonte de pelouse, foin, déchets de cuisine) avec celles riches en carbone (paille, brf, feuilles d’arbres …)

Il vaut mieux pailler une petite surface avec une épaisse couche de matière organique, qu’une grande surface avec une couche mince. Si vous ne le faites qu’à moitié, le paillage deviendra plus souvent un problème qu’un avantage.

Quand pailler ?

L’idéal c’est de pailler tout le temps. Dans les faits, l’utilisation d’un paillage organique ne pose pas de problèmes en été et en automne, toutefois :

  • Au printemps le sol va se réchauffer moins vite. Il est souvent nécessaire d’enlever le paillage quelques semaines avec la plantation ou le semis pour que le sol se réchauffe.
  • En hiver le paillage peut héberger de nombreux mulots et autres rongeurs qui ne se gêneront pas pour creuser de nombreuses galeries.

Avantages

Nourri et favorise la vie du sol

Les matières organiques que vous apportez vont se décomposer et enrichir progressivement le sol sous l’action d’une faune variée.

En plus d’apporter de nombreux éléments fertilisants, de l’humus va se créer et améliorer la qualité de votre sol : plus souple, plus profond, plus fertile … Pourquoi s’en priver !

Les vers de terre viendront également se nourrir et en profiteront pour ameublir la terre.

Empêche la pousse des mauvaises herbes

Comme la terre est recouverte d’une épaisse couche de matière organique, les graines de mauvaises herbes ne germent pas. Plus de désherbage !

Mais pour cela il faut toujours garder une épaisse couche de paillis, au moins 10cm. Sinon l’effet inverse se produit : les mauvaises herbes poussent et il est plus difficile de les détruire à cause du paillage qui devient gênant (impossible de passer la binette par exemple).

Parfois quelques plantes vivaces arrivent à percer le paillage, même épais. Dans ce cas une seule solution : le desherbage manuel.

Limite le travail du sol

Garder le sol couvert va empêcher la pluie de le tasser et former une croûte (la battance). De plus, toute la micro-faune va décomposer le paillage et apporter de l’humus. Tout cela en creusant de multiples galeries qui vont aérer le sol et faciliter la croissance des racines.

Si une couche assez épaisse a été gardée toute la culture, en général pour la suivante un léger travail est suffisant. Un coup de grelinette et c’est reparti ! Au bout d’un certain temps, vous n’aurez qu’à écarter la paille et planter (en terre très argileuse vous pourrez néanmoins attendre un petit moment !).

Garde la fraîche et terre humide

Un paillage va protéger la surface du sol des rayons direct du soleil et du vent. Il va ainsi limiter l’évaporation de l’eau et retenir l’humidité plus longtemps.

Comme vous l’aurez deviné les arrosages seront ainsi moins fréquents.

Inconvénients

Le sol se réchauffe moins vite

Un des plus gros inconvénients du paillage organique c’est qu’il empêche le sol de se réchauffer. Au printemps les légumes sous paillis ont parfois plusieurs semaines de retard par rapport aux autres.

Une solution est d’enlever le paillage au printemps quelques temps avant la plantation. Et de le remettre en place une fois la plantation en place et le sol réchauffé.

Par contre les paillages plastique grâce à des bâches noires ont l’effet inverse. Le sol va se réchauffer plus vite.

Nécessite une grande quantité de matière organique

Il est souvent difficile de trouve assez de matière première pour pailler tout un potager. On estime que pour pailler entièrement un potager, il faut cultiver l’équivalent de 2 à 3 fois sa surface en plantes productrices de matières à paillage.

La solution la plus simple est de se fournir à l’extérieur. Des agriculteurs proposent des bottes de paille ou de foin à vendre. Autrement on peut essayer de multiplier les sources d’approvisionnements : tonte de pelouse, broyat de branches etc.

Limaces et mulots

Le paillage peut parfois devenir un petit nid douillet pour les mulots. Ils peuvent ainsi se balader tranquillement à l’abri des prédateurs et se délecter de vos carottes !

Il en est de même pour les limaces qui peuvent se trouver très à leur aise dans cet environnement humide.

Semis parfois plus difficiles

Il est très aisé de planter dans un paillage : il suffit de l’écarter et de planter. Par contre pour des semis en pleine terre c’est moins commode, surtout pour les petites graines : carottes, radis, navets etc.

Il faut faire un sillon en écartant la paille, semer, puis laisser la zone découverte pour que les plantules voient le jour. Puis tout re-pailler une fois que les légumes sont assez grands … compliqué !

Le plus simple est de ne pas pailler ces cultures au début, et de passer la binette.

Vous pouvez essayer de tracer un sillon avec une couche de terreau ou de compost. Semez les graines dessus, elles auront une longueur d’avance sur les graines de mauvaises herbes recouvertes par le terreau.

Avec quoi pailler (ou “mulcher”)

Paille

La paille a donné son nom à cette technique, pailler avec de la paille c’est donc plutôt logique. C’est un très bon matériau qui présente de nombreux avantages :

  • Comme la paille est seulement une tige qui reste après une récolte de céréales, il n’y a normalement pas de graines indésirables (en théorie …).
  • La couche de paille reste reste aéré et ne se tasse pas contrairement à d’autres matières moins rigides.
  • Elle se décompose assez lentement comparée à d’autres matières plus “vertes” comme la tonte de pelouse.
  • Elle restitue une grande quantité de carbone, l’élément le plus important pour favoriser la vie du sol.
  • Cependant, si elle est ajoutée seule elle peut parfois provoquer une faim d’azote. Pour cela évitez d’apporter une grande quantité de paille au printemps, faites-le plutôt en automne.

Foin

L’utilisation du foin peut paraître similaire à la paille, mais ce n’est pas la même chose : le foin ce sont des plantes qui ont été fauchées entières. Donc sûrement avec de très nombreuses graines.

Pour éviter de faire une culture de mauvaises herbes il faut impérativement garder une couche épaisse de paillage pour ne pas que ces graines ne germent.

Par contre le foin est parfois plus facile à trouver, surtout dans les régions d’élevages. Et lui est plus riche en azote, il a donc très peu de chance de provoquer une faim d’azote contrairement à la paille.

La luzerne semble être un très bon paillage, de plus en plus utilisé par les maraîchers. C’est une culture qui reste en place plusieurs années, résiste à la sécheresse et se fauche 2 ou 3 fois par ans.

Tonte de pelouse

La tonte de pelouse est une ressource facile et accessible. Elle est riche en azote et se décompose plutôt rapidement.

Par contre il ne faut pas l’ajouter par couche épaisse car dans ce cas elle fermente et produit une bouillie qui va asphyxier le sol.

  • Soit vous la mélangez avec d’autres matières organiques plus ligneuses : paille, feuilles, brf etc.
  • Soit vous la faites sécher quelques jours en l’étalant au soleil avant de l’utiliser.

Ne passez pas la tondeuse trop souvent non plus, les fleurs et les insectes n’aiment pas ça !

Feuilles d’arbres

Les feuilles d’arbres ramassées en automne peuvent être une bonne ressource pour pailler. Elles pourront couvrir le potager tout l’hiver.

Il faut cependant faire attention de ne pas ramener trop de petites branches qui seront gênantes par la suite. Ni de fruits à coque type “glands” qui vont germer l’année suivante.

Broyats de branches

C’est ce que l’on appelle du BRF pour “Bois Raméal Fragmenté”. Un broyat de jeune branches d’arbres épandu comme paillage.

Il faut broyer des branches de moins de 7cm de diamètre à l’aide d’un broyeur. Le BRF est très riche en carbone et va apporter de l’humus.

Pour de petite quantité vous pouvez broyer les branches à la tondeuse. Il faut en faire des bandes de quelques centimètres d’épaisseur, et passer la tondeuse dessus.

Thuya, laurier, aiguilles de pins …

Tout ces matériaux ont mauvaise réputation : toxique, acidifie le sol etc. Ce qui pourrait être vrai si vous n’épandez que ça pendant plusieurs années.

Mais si vous les mélangez à d’autres matières plus classiques comme la paille ou de la tonte de pelouse, ça ne posera pas de problèmes.

Engrais vert

Une culture d’engrais vert va faire office de paillage vivant entre les cultures. Une fois détruit les restes de l’engrais vert serviront de paillage en surface. Mais souvent ce n’est pas assez pour bien recouvrir la planche, et il faudra apporter d’autres matières organiques pour compléter.

Carton

Des cartons brut, non imprimés peuvent aussi faire office de paillage. Assez épais, ils vont bien occulter la lumière et mettre un peu de temps à se décomposer.

Mais souvent il y a des petits éléments polluants dans le carton, comme des restes d’aluminium.