Comment faire ses graines et semences au potager

Principe

Cela consiste tout simplement à laisser fleurir ses légumes pour qu’ils produisent des graines. Ces plants sont appelés des “portes-graines”.

La technique de base est simple, mais pour obtenir des semences de qualités quelques précautions sont à prendre.

Préparation

Reproduire ses légumes prend de la place. Pour beaucoup d’espèces la plante en fleurs devient imposante et il vous faudra plus les espacer qu’à l’accoutumé.

De plus ils occupent les planches de culture sur une plus longue période (plus d’un an pour les légumes bisannuels).

Comme en plus certaines espèces ont tendances à se ressemer, il n’est pas inutile de les cultiver dans un coin réservé du potager. Ils poseront moins de tracas que si ils sont au milieu de leurs congénères cultivés pour l’alimentation.

panais en fleurs

Panais

oignons en fleurs

Oignons

laitues en fleurs

Laitues

Garder de la diversité

Pour obtenir une bonne diversité génétique il faut récolter les semences sur plusieurs plants. Au moins une dizaine, plus c’est encore mieux.

Si le brassage génétique est trop faible, avec le temps des risques de dégénérescences et des faiblesses diverses risquent d’apparaître.

Sinon …

Dans la pratique récolter seulement sur un, deux ou trois plants fonctionne bien. Mais il ne faut pas le faire plusieurs années de suite et tourner uniquement sur cette diversité génétique assez pauvre.

Dans ce cas il est utile d’apporter un peu de sang neuf toutes les 3 ou 4 générations. Pour cela procurez-vous des semences de la même variété, mais provenant d’un autre jardinier ou du commerce. Vous les mélangerez avec vos semences bien de chez vous.

Au potager amateur c’est souvent difficile de trouver assez de place pour multiplier plusieurs espèces. Dans ce cas faites simplement pousser 2 ou 3 espèces pour les semences, mais en bonne quantité. Vous pourrez ensuite échanger ces graines contre d’autres sur un site d’échanges de graines.

Quel type de semences utiliser ?

Pour pouvoir reproduire ses plantes avec succès et bénéficier de bonnes semences il ne faut pas utiliser de variétés “hybrides”, mais “fixées”.

Variétés hybrides ou F1

Les semences hybrides sont issues d’un croisement entre plusieurs variétés. Si vous récoltez et ressemez ces graines les futurs plants seront un panache varié entre toutes leurs variétés parentes (et plus). Ils ne correspondront plus vraiment à la première génération et seront souvent de piètre qualité (mais on ne sait jamais !).

Variétés fixées

Les variétés fixées ne sont pas issues d’un croisement, mais de parents de la même variété. Vous pouvez les ressemer et les multiplier sans problèmes, ils resteront fidèles à leurs ancêtres.

En général les semences qualifiées de “anciennes” font parties de ce type de variétés.

Il est parfois assez difficile de savoir si une variété est un hybride ou non. Ce n’est pas forcément marqué sur le paquet. Dans ce cas une recherche sur cette liste libre de variétés potagères peut vous aider.

Risques d’hybridations

En fonction des plantes multipliées, des risques d’hybridations entre différentes variétés de la même espèce risquent de se produire en cours de culture.

Dans ce cas, les semences qui en résulteront donneront des plants qui ne seront plus fidèles aux parents (comme avec les semences F1).

Sauf rares exceptions, il n’y a par contre pas d’hybridations entre deux espèces différentes.

Autogames / allogames

Les plantes à fleurs se décomposent en deux grands groupes :

  • Certaines espèces sont allogames : la fleur doit se faire polliniser par le pollen d’une autre fleur. En général le pollen est véhiculé par un insecte ou le vent.  Dans ce cas les risques d’hybridations sont très importants (courges, choux, roquette, tournesol …)
  • D’autres sont autogames : la fleur se pollinise elle même avec son pollen. Il n’y a donc pas (ou peu) de risques d’hybridations avec une autre plante. C’est la forme de la fleur qui empêche la pollinisation extérieur, même si celle-ci peut parfois arriver (tomates, poivrons, haricots, pois …).

Éviter les hybridations

Une technique simple consiste à ne cultiver et ne faire fleurir qu’une seule variété de la même plante. Ainsi aucun risque que plusieurs variétés ne se mélangent.

Si néanmoins vous désirez reproduire plusieurs variétés en même temps, plusieurs solutions s’offrent à vous pour éviter que les insectes ne pollinisent les fleurs entre elles :

  • Écarter chaque variété de plusieurs dizaines à plusieurs centaines de mètres.
  • Couvrir chaque variété avec une cage ou un voile anti-insectes. Vous ouvrirez chaque cage une journée en alternance pour que les fleurs se fassent polliniser par les insectes.
  • Couvrir les fleurs avec un sac (en tulle, organza) pour empêcher les insectes d’y accéder.

Sélectionner ses portes-graines

Lors de la culture il vous faudra sélectionner les meilleurs plants sur lesquels vous allez récolter vos graines. Il ne faut garder que ceux qui se développent correctement, sans défauts et qui ne sont pas atteints de maladies (ou les moins atteints).

Les semences issues des plus beaux plants seront utilisées en priorité pour vos futurs portes-graines l’année suivante. Ainsi vous ne multiplierez que la crème d’années en années.

Pour les sélectionner vous pouvez aussi choisir des critères plus précis : rendement, résistance à une maladie, rusticité etc. Si vous ne vous mettez pas la barre trop haut, vous pouvez obtenir des résultats visibles en quelques générations.

Mais si vous n’avez pas beaucoup de place et seulement quelques portes-graines, ne vous embêtez pas trop avec cela. Éliminez au maximum les plants malades et récoltez le reste.

Pour les retrouver facilement, vous pouvez marquer les portes-graines avec des bouts de ficelles de couleurs accrochées au pied du plant.

Culture et entretien

Les portes-graines se cultivent presque comme les autres légumes, à quelques différences près :

  • Il ne faut rien récolter sur ces plants.
  • En général il faut les espacer un peu plus, ils prennent plus de place.

Lors de la récolte il faut garder tous les fruits (sains). Si vous ne garder que les semences des derniers fruits elles risquent d’être de moins bonne qualité.

De plus il ne faut pas récolter d’autres parties de la plante : feuilles, tiges etc. Cela affaiblira le plant et sa capacité à produire des graines de bonne qualité.

Si des maladies se déclarent il est préférable de détruire les plants infectés. Sa descendance risque elle aussi d’être sensible à cette maladie.

Récolter les graines

En fonction des espèces les méthodes pour en récolter les semences sont très différentes :

Nettoyer et trier les graines

Conserver les graines

Une fois les graines récoltées il faut les stocker dans un endroit à l’abri de la chaleur, du froid et de l’humidité. Des facteurs qui peuvent déclencher la germination, chose qu’il est préférable d’éviter.

Des enveloppes en papier ou des bocaux en verre sont parfait. Par contre rangez-les dans un contenant fermé, en plastique ou en métal. Cela les protégera de la lumière et évitera aux souris ou à des insectes de venir faire un festin.

Dans de bonnes conditions la plupart des graines se conservent plusieurs années.

En savoir plus

  • Si vous avez trop de graines vous pouvez les échanger sur un de ces deux sites : graines de troc et semeurs.
  • Les éditions Terre Vivante proposent des ouvrages très bien fait sur la production de semences au potager.
  • Le livre “Semences de Kokopelli” sans être indispensable est aussi une bonne source d’informations, mais cher avec beaucoup de blabla pas forcément utile.
  • Quelques vidéos sur Pascal Poot, un semencier qui sélectionne ses plants sur leur résistance à la sécheresse et aux maladies.